Les difficultés du livre de l'Apocalypse

Apocalypse

Le livre de l'Apocalypse suscite bien souvent la peur. On ne peut pas simplement balayer du revers de la main les difficultés de ce livre. Elles existent et elles sont nombreuses. Malgré tout, je crois que nous ne devons pas baisser les bras. Nous devons affronter ces difficultés pour découvrir les belles choses que Dieu veut nous enseigner dans ce livre. Je vais vous proposer une série d'articles sur le dernier livre de la Bible. Ce premier article traitera des difficultés que rencontre le lecteur de l'Apocalypse. On ne peut pas partir à la conquête du livre de l'Apocalypse la fleur au fusil. Avant de démarrer, il faut faire l'inventaire des obstacles. Cet inventaire nous permettra d'éviter certains écueils qui pourraient être dommageables.

Le livre de l’Apocalypse est le dernier livre de la Bible

Le livre de l’Apocalypse est le couvercle de la révélation biblique. Cette affirmation peut paraître évidente, mais elle a une conséquence importante: il faut une certaine connaissance des 65 livres précédents pour bien comprendre le livre de l’Apocalypse. En effet, bon nombre de notions développées dans ce livre proviennent de l’Ancien et du Nouveau Testament. Il faut donc une solide connaissance biblique pour détecter et faire les liens corrects entre l’Apocalypse et le reste de la Bible.

Mais le livre de l’Apocalypse contient assez peu de citations des autres livres de la Bible. Ce sont, le plus souvent, des idées et des symboles qui sont repris sans être directement cités.

La manière d’interpréter le livre de l’Apocalypse fait débat

Des milliers de chrétiens nous ont précédés dans l’étude du livre de l’Apocalypse. Lorsqu’on s’intéresse à l’histoire de l’interprétation de ce livre, il en ressort que des différences importantes peuvent exister. Ces différences ne portent pas uniquement sur tel ou tel verset, mais sur la manière d’inscrire l’ensemble du livre dans l’Histoire. On peut résumer ces différences en quatre écoles d’interprétation (je cite ici les quatre écoles présentées dans « Introduction au Nouveau Testament » de Carson et Moo):

  1. L’école d’interprétation prétériste place les événements du livre de l’Apocalypse essentiellement au premier siècle. Jean ne décrirait pas tellement des choses à venir, mais plutôt des événements qui étaient actuels pour lui.
  2. L’école d’interprétation historique voit l’Apocalypse comme une description de l’Histoire. Les différentes sections du livre correspondent aux différentes époques depuis la fin du premier siècle jusqu’à aujourd’hui.
  3. L’école d’interprétation futuriste place les événements décrits dans l’Apocalypse à proximité du retour de Jésus.
  4. L’école d’interprétation idéaliste ne pense pas qu’il faille faire un lien entre l’Apocalypse et l’Histoire, mais que le livre a un but différent (généralement cette école pense que le but de l’Apocalypse est de montrer la personne et le plan général de Dieu).

Je ne crois qu’il faille choisir l’une de ces écoles. En réalité, chacune nous aide à comprendre une facette du livre.

Il est nécessaire de prendre en compte ces différentes écoles lorsque l’on s’attaque à l’Apocalypse.

Le livre de l’Apocalypse est plein de symboles

Ce qui saute aux yeux, lorsqu’on lit le livre de l’Apocalypse, c’est qu’il est plein de symbolisme. Essayer d’interpréter ce livre de manière littérale serait un non-sens. L’interprétation des symboles peut être découpée en trois actions distinctes:

  1. Il faut premièrement déterminer la frontière entre le symbole et la réalité. Un texte donné fait parfois appel à des éléments réels mêlés à des éléments symboliques. Il est parfois difficile de savoir ce qui est symbolique et ce qui est littéral.
  2. Dans un deuxième temps, il faut être capable de déterminer vers quoi le symbole pointe dans le monde réel. C’est parfois assez simple, et parfois très compliqué. Par exemple, on comprend facilement que l’Agneau représente Jésus-Christ. Mais le caillou blanc portant un nom nouveau mentionné en Apocalypse 2.17 est beaucoup plus délicat.
  3. Finalement, il faut comprendre le but du symbole. Vers quel aspect de l’objet réel le symbole met-il l’accent? Par exemple, plusieurs symboles décrivent Jésus. Chaque symbole met l’accent sur un aspect. Apocalypse 1.16 met l’accent sur le jugement (épée) alors qu’Apocalypse 5.6 met l’accent sur le sacrifice (agneau).

Le livre de l’Apocalypse est écrit dans un style disparu

Les auteurs des livres bibliques se sont servis de styles littéraires existants à leur époque pour écrire les différentes parties de la Bible. Ils en ont parfois adapté quelques aspects, mais ils n’ont pas créé des textes dans un style totalement nouveau.

La plupart des styles littéraires de la Bible trouvent une certaine continuité dans la littérature actuelle. Les textes de loi, les récits et les lettres de la Bible ressemblent aux textes de loi, aux récits et aux lettres actuels (au moins dans leurs buts et leur style, même si le contenu est très différent).

La situation est très différente avec les textes apocalyptiques. Nous n’avons pas réellement d’équivalent dans la littérature contemporaine. Ce style est né dans un contexte particulier (de persécution, de domination par d’autres nations, d’attente messianique et eschatologique).

Nous n’avons donc pas d’expérience dans la lecture de ce genre de textes et nous pouvons nous sentir perdus. Cela nous fait prendre conscience qu’un effort important sera nécessaire pour parvenir à une bonne compréhension. Un peu comme un jeune enfant qui lirait le code de la route, il peut le comprendre, mais il lui faudra probablement plusieurs heures de lecture avant d’y parvenir.

La structure de l’Apocalypse n’est pas simple à discerner

Tout lecteur de l’Apocalypse fait le même constat: ce livre est très structuré. Il contient des cycles de sept éléments. La numérotation est même souvent explicitement mentionnée (par exemple sept Églises en Apocalypse 1.4, 11 ; sept sceaux ouverts en Apocalypse 6.1, 3, 5, 7, 9, 12 et 8.1 ; sept sonneries de trompettes en Apocalypse 8.7, 8, 10, 12, 9.1, 13 et 11.15). Mais cette structure pose plusieurs questions :

  1. Quelle est la structure d’ensemble? Y a-t-il un fil conducteur?
  2. Faut-il chercher des parallèles entre ces différents cycles?
  3. Est-ce que ces cycles sont censés se suivre de manière chronologique ou sont-ils une succession de descriptions des mêmes événements?
  4. Y a-t-il un point d’orgue à tout cela? Quel est-il?

Le livre de l’Apocalypse fait peur

Le livre de l’Apocalypse est terrifiant. Voici quelques images saisissantes :

  1. La vendange d’Apocalypse 14. Après la vendange, le sang remplit un espace de 1’600 stades à la hauteur des mors des chevaux.
  2. Le dragon prêt à dévorer l’enfant dès sa naissance d’Apocalypse 12.
  3. Les deux bêtes répugnantes d’Apocalypse 13.

Ces images pointent vers le jugement à venir. Mais le livre de l’Apocalypse contient aussi des images de victoire, de fête et d’entrée dans la présence de Dieu.

Conclusion

Cet article est le premier d’une série. Nous avons commencé par mentionner plusieurs obstacles à la lecture du livre de l’Apocalypse. Ces obstacles sont réels, mais ne doivent pas nous empêcher de lire ce livre merveilleux. Dans les prochains articles, nous nous pencherons sur le but, la structure et les applications de ce livre.

Jonathan Meyer

Jonathan Meyer est pasteur à l’Église de l’Action Biblique de la Servette à Genève. Il est marié et père de 4 enfants. Passionné par la lecture de la Parole, Jonathan a créé un plan de lecture de la Bible en 3 ans à suivre avec son Église locale.

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