Les applications de l'Apocalypse

Apocalypse

On n'étudie pas la Bible pour des raisons intellectuelles seulement. On l'étudie pour que nos cœurs soient transformés. Voici deux phrases que j'aime répéter. Ce conseil est particulièrement vrai pour le livre de l'Apocalypse. On peut passer des heures à se poser toutes sortes de questions sur ce livre sans que nos cœurs ne soient transformés. Si c'est votre cas, cet article vous donnera des pistes d'applications pour dépasser l'apport intellectuel (qui est important mais insuffisant) et viser la transformation de votre cœur.

Le livre de l’Apocalypse est un moteur pour l’adoration

A titre personnel, j’ai rarement été aussi poussé à adorer Dieu que lorsque j’étudiais le livre de l’Apocalypse. Trois textes en particulier m’ont poussé à adorer :

  1. La description de Jésus en Apocalypse 1. Lorsque que je pense à Jésus, j’ai tendance à penser à son ministère terrestre, parmi ses disciples. Je l’imagine en train d’enseigner, de faire des miracles et de voyager. Je pense souvent à la crucifixion, à la résurrection et à l’ascension. Mais je pense peu à Jésus dans sa gloire, telle qu’il est actuellement. Apocalypse 1 nous aide à nous représenter Jésus-Christ glorieux. (1) Il est au milieu de ses Églises, (2) il est fils d’homme, (3) il porte les vêtements du souverain sacrificateur, (4) il a les cheveux blancs, symboles de sagesse, (5) il a des yeux de feu, symbole de toute-connaissance, (6) il a des pieds de bronze, symbole de jugement et de puissance, (7) il a une grosse voix qui rappelle le Dieu du Sinaï en Exode 20, (8) il tient les responsables de ses Églises dans sa main, (9) il a une épée qui lui sort de la bouche, symbole que sa parole est puissante, (10) il a une face comme le soleil, symbole de gloire qui nous rappelle les rencontres entre Moïse et Dieu, (11) il est le premier et le dernier, celui qui initie et qui achève, (12) il est le vivant, celui qui a et qui est la vie, (13) le ressuscité, et (14) il est celui qui détient la clé de la mort, notre Sauveur. Cette longue liste nous pousse à adorer notre Seigneur.
  2. La description de la salle du trône en Apocalypse 4 et 5. Ces deux chapitres sont saturés de la gloire de Dieu ainsi que de l’adoration qui en découle. Si vous ne savez pas trop comment adorer Dieu, vous pouvez juste lire les paroles d’adoration contenues dans ces chapitres : Apocalypse 4.8 (adoration des quatre êtres vivants), Apocalypse 4.11 (adoration des 24 anciens), Apocalypse 5.9-10 (adoration des 4 êtres vivants et des 24 anciens), Apocalypse 5.12 (adoration des millions d’anges) et Apocalypse 5.13 (adoration de toutes les créatures). Ces paroles d’adoration concernent la personne et l’œuvre du Père au chapitre 4 et la personne et l’œuvre du Fils au chapitre 5.
  3. La description du peuple de Dieu en Apocalypse 7. Dans la Bible, le peuple de Dieu est dénombré à plusieurs reprises (dans l’Ancien Testament on dénombre le peuple à la sortie d’Egypte, avant certaines batailles ainsi qu’avant et après l’Exil. Dans le Nouveau Testament on dénombre le peuple pour montrer la croissance rapide de celui-ci), mais ici le peuple de Dieu ne peut être dénombré tant il est impressionnant. Cette foule innombrable crie « le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône et à l’Agneau ». Ici, on mesure la gloire irrésistible de notre Dieu.

On ne sait pas toujours très bien ce que signifie adorer. On sait encore moins comment adorer. Le livre de l’Apocalypse nous motive et nous guide pour vivre notre mission d’adorateurs.

Le livre de l’Apocalypse aide celui qui souffre

Je crois aussi que la lecture de l’Apocalypse est une source de grands bienfaits pour celui qui doute et pour celui qui subit la persécution. Au milieu des difficultés, ce livre nous rappelle que ce monde déchu aura une fin. Quatre passages sont de puissants encouragements pour celui qui souffre :

  1. La lettre à l’Église de Smyrne (Apocalypse 2.8-11). Une Église visiblement petite et souffrante à laquelle Jésus annonce qu’elle souffrira encore au point que certains de ses membres seront emprisonnés. Mais le Seigneur de cette Église lui fait une belle promesse: « sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie ».
  2. La lettre à l’Église de Philadelphie (Apocalypse 3.7-13). Jésus dit de cette Église qu’elle a peu de puissance, mais qu’il met devant elle une porte ouverte (probablement une porte pour annoncer l’Évangile). Le Seigneur lui promet de la garder à l’heure de la tentation et il lui rappelle qu’il revient bientôt.
  3. L’ouverture du cinquième sceau (Apocalypse 6.9-11). Lors de l’ouverture du cinquième sceau, les martyrs crient à Dieu une complainte: « jusqu’à quand, Maître saint et véritable, tarderas-tu à faire justice et à venger notre sang sur les habitants de la Terre? » Suite à cette complainte, des robes blanches leur sont données, signe de leur justification, et il leur est demandé d’attendre encore un peu car d’autres doivent encore rejoindre leurs rangs. Ce passage nous rappelle que le délai entre la première et la seconde venue de Jésus n’est pas le signe qu’il nous aurait oublié. Mais c’est le signe qu’il attend que tout ceux qui doivent être sauvés puissent l’être encore.
  4. L’appel aux noces de l’Agneau (Apocalypse 19). Après plusieurs chapitres de jugement, après la destruction de Babylone, la grande victoire finale arrive. C’est le moment où le peuple de Dieu peut se réjouir car son Dieu a établi son règne (Apocalypse 19.6). C’est le moment où Jésus arrive, monté sur un cheval blanc, suivi des armées célestes, pour détruire la bête, le prétendu prophète et le serpent. Au milieu de tout cela, l’ange dit « Heureux ceux qui sont invités au festin des noces de l’Agneau ». C’est le temps du repos, le temps où le mal, la persécution et le doute cesseront. Voici de quoi encourager ceux qui souffrent.

Dans l’histoire de l’Église, le livre de l’Apocalypse a souvent été un puissant encouragement pour ceux qui subissaient la persécution.

Le livre de l’Apocalypse suscite la crainte

Beaucoup de gens imaginent Dieu comme un dieu sympa, qui nous veut du bien, et qui sera compréhensif lors du jugement. Nous avons tendance à sculpter un dieu qui nous arrange, mais nous peinons à accepter le Dieu qui se présente lui-même dans la Bible.

Cette vision de Dieu pose plusieurs problèmes. J’en mentionne 3 :

  1. Le problème principal est que cette vision de Dieu est fausse (je veux dire non-biblique). Je suis toujours étonné de voir des gens prétendre que leur dieu (celui qu’ils imaginent) serait plus plausible que le Dieu de la Bible (celui qui se révèle). C’est un peu comme si on entretenait une relation épistolaire avec quelqu’un sans prendre au sérieux ce que cette personne écrit d’elle-même en préférant imaginer un correspondant tel que nous aimerions qu’il soit. C’est illogique.
  2. Deuxièmement, elle nous pousse à imaginer un petit dieu au lieu du grand Dieu saint, éternel, juste et amour de la Bible. Si Dieu est sympa, il ne peut pas être saint, il ne peut même pas être amour. En réalité, on peut imaginer n’importe quel dieu artificiel, il sera toujours plus petit que le Dieu de la Bible.
  3. Elle engendre une négligence vis à vis du péché. Si Dieu est sympa, cela signifie que le péché n’est pas si terrible.

Le Dieu de la Bible suscite la crainte. Le livre de l’Apocalypse est particulièrement utile pour avoir une vision de Dieu qui suscite la crainte. Deux types de passages nous aident à craindre Dieu : (1) les descriptions de la gloire de Dieu et (2) les jugements. J’aimerais mentionner cinq textes de l’Apocalypse qui nous poussent à craindre Dieu :

  1. La réaction de Jean lorsqu’il voit Jésus. En Apocalypse 1.17, Jean a vu Jésus. Lorsqu’il l’a vu, il tombe à ses pieds comme mort. Jean semble saisi par la gloire de Jésus au point de tomber par terre. Les premières paroles de Jésus sont « n’aie pas peur ». Jean va donc se relever, mais cela nous permet de voir à quel point la crainte est la juste réaction à avoir face à Jésus.
  2. L’attitude des quatre êtres vivants et des 24 vieillards. En Apocalypse 4, nous entrons dans la salle du trône. La première chose que nous voyons est le trône, symbole de règne. Puis, nous voyons celui qui est assis dessus. Il est glorieux. Mais autour de ce trône se trouve 24 trônes sur lesquels sont assis 24 anciens en habits blancs et coiffés de couronnes d’or. Ces anciens sont des êtres glorieux eux-mêmes. Et pourtant, Apocalypse 4.10 nous dit que ces 24 anciens glorieux se prosternent devant Dieu et déposent devant lui leurs couronnes. Ces êtres glorieux donnent toute la gloire à Dieu : cela montre à quel point nous devons craindre Dieu.
  3. La scène de la moisson/vendange. Il y a beaucoup de scènes de jugement dans l’Apocalypse. L’une des plus terribles est peut-être celle d’Apocalypse 14. Dans ce texte, la Terre est moissonnée puis vendangée. Après la vendange, le raisin est écrasé dans la grande cuve de la colère de Dieu et du sang en sort sur une étendue de 1’600 stades jusqu’à la hauteur des mors des chevaux. Voici une vision terrible de la colère de Dieu qui nous pousse à le craindre.
  4. Le jugement. Parmi les scènes de jugement, Apocalypse 20.11-15 semble être le point culminant. A nouveau, nous sommes placés en face du trône. Même le ciel et la terre s’enfuient devant celui qui est assis sur le trône. Puis, c’est le grand jugement. Le verdict tombe : tout ceux qui ne sont pas trouvés inscrits dans le livre de vie sont jetés dans l’étang de feu. Et même la mort et le séjour des morts sont jetés dans l’étang de feu. Rien ne résiste à Dieu, il est le juste juge.
  5. Les droits d’entrée de la nouvelle Jérusalem. Les chapitres 21 et 22 décrivent la nouvelle Jérusalem. La ville est parfaite. Logiquement, puisqu’elle est parfaite, certaines personnes ne peuvent y entrer. Apocalypse 21.8 et Apocalypse 22.15 font la liste des personnes inadmissibles. Si nous lisons ces listes, nous devrions tous être exclus de la nouvelle Jérusalem. Nous sommes pécheurs et impurs, nous ne pouvons pas, par nous-mêmes, être admis en présence de Dieu. Si nous le pouvons, c’est uniquement grâce au sacrifice de Jésus. Voici une raison de plus de craindre notre Seigneur.

Le crainte doit nous pousser à la repentance. Et cela ne concerne pas que les non-chrétiens. Les chrétiens le sont aussi (vous pouvez lire les lettres aux Églises des chapitres 2 et 3 pour vous en convaincre). Ils ne doivent pas douter de leur salut, mais craindre leur Seigneur.

Le livre de l’Apocalypse nous émerveille

Finalement, le livre de l’Apocalypse doit nous émerveiller. Je crois que le lecteur chrétien devait avoir les larmes aux yeux en lisant les chapitres 19 à 22. Enfin, le mal s’arrête, la justice est rendue, et le peuple de Dieu peut vivre dans la présence directe de son Seigneur.

J’aimerais relever trois aspects de la nouvelle Jérusalem qui nous permettent de nous émerveiller :

  1. Dieu dit quelque chose d’important lorsque la nouvelle Jérusalem arrive : « Voici le tabernacle de Dieu parmi les hommes! Il habitera avec eux, ils seront son peuple et Dieu lui-même sera avec eux. » Il s’agit d’une notion qui revient à plusieurs reprises dans la Bible. La première mention se trouve en Exode 29.45. Dieu veut vivre parmi son peuple. Ultimement, cela se produit en Apocalypse 21, lors de la réunion de l’épouse et de l’époux. La nouvelle Jérusalem est l’accomplissement de cette promesse d’Exode 29 répétée plusieurs fois dans la Bible mais jamais totalement accomplie.
  2. La ville mesure 12’000 stades dans les trois dimensions. 12 représente le peuple de Dieu, c’est donc la demeure du peuple de Dieu. Cette demeure est un cube. Cela nous rappelle le lieu très saint (Exode 26). La demeure du peuple de Dieu est donc le lieu très saint (qui n’était accessible qu’au grand prêtre une fois par année moyennant un rituel compliqué). Il n’y a plus ni temple ni soleil car Dieu sera présent, sa gloire sera visible.
  3. Finalement, Apocalypse 22.2 nous présente l’arbre de vie. Enfin, l’humanité retrouve l’arbre perdu en Genèse 3. Enfin, le mal est détruit et l’humanité peut vivre sa vocation première : adorer son Dieu pour l’éternité.

Conclusion

Il y a sans doute bien d’autres applications à ce livre. J’ai noté ici celles qui, à mon avis, traversent l’Apocalypse d’un bout à l’autre. Lisons donc l’Apocalypse dans un esprit d’adoration, d’encouragement, de crainte et d’émerveillement. Réjouissons-nous de rencontrer notre Seigneur face-à-face.

Cet article est le dernier d’une série de quatre article sur le livre de l’Apocalypse. Le premier traite des difficultés de ce livre, le deuxième des buts, le troisième de la structure.

Jonathan Meyer

Jonathan Meyer est pasteur à l’Église de l’Action Biblique de la Servette à Genève. Il est marié et père de 4 enfants. Passionné par la lecture de la Parole, Jonathan a créé un plan de lecture de la Bible en 3 ans à suivre avec son Église locale.

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