Enseigner des valeurs morales à l’école laïque

ParentalitéÉthiqueApologétique et vision du monde

Les protestants évangéliques ne remettent pas en cause le principe d’une école laïque. Bien au contraire, ils le défendent. Cela dit, les choses ne sont pas toujours aussi simples "sur le terrain".

Les limites de la pensée contemporaine en matière d’impératifs moraux

Un exemple de "limite", voire de faille, dans la pensée ambiante, consiste à promouvoir certains idéaux moraux sans toutefois être en mesure de justifier leur existence et leur excellence.

Une enseignante perplexe

Par exemple, Keller évoque le témoignage d’une enseignante chrétienne aux prises avec le défi d’enseigner la morale sans fondement explicite (p. 249-250):

Une femme de notre Église, enseignante, m’a confié à quel point les programmes d’"éducation aux valeurs" qu’elle devait appliquer dans son école l’exaspéraient. Ils enseignent des valeurs telles que la justice, la générosité et la nécessité de dire la vérité. Mais ils interdisent tout argument religieux susceptible de justifier les valeurs enseignées. À première vue, cela semble raisonnable.


Mais, concrètement, elle ne sait jamais quoi répondre aux élèves qui demandent: “Pourquoi?” N’importe quelle réponse la ferait basculer dans le domaine interdit. Répondre: “Parce que certaines choses sont bonnes et d’autres sont mauvaises” amènerait la question: “Qui peut dire ce qui est bon ou non?” Et répondre: “C’est juste utile pour la société, car en fait, il n’y a pas d’absolus moraux” la ferait également tomber dans le domaine religieux ou philosophique.


Elle en a conclu que le seul moyen d’enseigner des valeurs morales et de sens était d’enseigner un ensemble de valeurs sans aucun fondement: “Je ne pouvais jamais répondre aux questions les plus basiques des élèves: Pourquoi? Je devais maintenir les valeurs morales loin de tout fondement, flottant dans l’espace.”

Les droits de l’homme à la rescousse?

On pourrait, bien sûr, mentionner la Déclaration universelle des droits de l’homme comme un possible fondement. Mais, ailleurs dans son livre (p. 268-271), Keller rappelle: a) qu’une telle déclaration est loin d’être reconnue comme étant "universelle" par bon nombre de cultures non occidentales, ce qui remet en cause son caractère "objectif" dans une société pluraliste; b) que cette déclaration est en réalité d’inspiration chrétienne (même si tous les historiens ne s’accordent pas sur ce point).

Du (bon) boulot pour les parents

Les parents chrétiens devraient-ils s’inquiéter que l’on inculque à leurs enfants des valeurs morales dépourvues de fondements (je parle ici uniquement des valeurs compatibles avec l’éthique biblique)? Pas le moindre du monde, dans la mesure où c’est à eux qu’il revient de transmettre ces fondements à leurs enfants, ainsi que les valeurs elles-mêmes qui reposent sur ces bases!

En revanche, les enfants dont les parents ne communiquent aucun fondement pour comprendre les valeurs risquent, à l’ère d’un enseignement moral purement pragmatique dépourvu de toute justification, de se retrouver tôt ou tard en déficit de valeurs solidement ancrées, sans convictions morales.

Pour aller plus loin

Dominique Angers

Doyen de la Faculté de Théologie Évangélique à Montréal (Université Acadia), Dominique Angers y est aussi professeur de Nouveau Testament et de prédication. Docteur en théologie de l’Université de Strasbourg, il s’exprime régulièrement sur son podcast vidéo d’enseignement biblique, “Parle-moi maintenant”. Il est l’auteur du livre La méditation biblique à l’ère du numérique et du Commentaire biblique Parle-moi maintenant par Éphésiens. Son prochain commentaire, Parle-moi maintenant par Marc, paraîtra chez BLF.

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S. Laurent