Les "bonnes nouvelles" de l’empereur et la Bonne Nouvelle de Jésus

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La "Bonne Nouvelle", un concept qui provient de l’Ancien Testament ou du monde gréco-romain?

Aux yeux de Marc, l’auteur de l’évangile, "la Bonne Nouvelle" (euangelion en grec, dès Marc 1.1) est à comprendre premièrement et surtout sur la toile de fond de la prophétie d’Ésaïe (40.9-11; 52.7; 61.1).

Cela étant, certains spécialistes de Marc croient que l’expression résonne en outre avec l’usage gréco-romain du même terme (au pluriel, euangelia). Dans la mesure où "les bonnes nouvelles" en question sont parfois associées aux accomplissements de l’empereur, ils débattent de la possibilité que Marc crée ainsi une sorte de "polémique anti-impériale". Cela resterait toutefois secondaire par rapport à la volonté de l’auteur d’évoquer le prophète Ésaïe. Marc pourrait ainsi suggérer à ses lecteurs (romains et autres) que les bonnes nouvelles impériales pâlissent en comparaison de "la Bonne Nouvelle" de Jésus-Christ.

Quelques données méritent d’être considérées:

L’inscription de Priène en Asie Mineure du 1ᵉʳ siècle avant Jésus-Christ fournit un bon point de départ pour l’utilisation du mot "évangile" dans le monde gréco-romain à l’époque du Christ. Dans cette inscription, l’empereur Auguste est salué comme "sauveur" parce qu’il a mis fin aux guerres et apporté la paix à l’empire […]. À cause de toutes les grandes choses que son règne apporta, sa naissance est proclamée non seulement comme la naissance d’un dieu, mais aussi comme le "commencement des bonnes nouvelles" ("euangelia" [pl.]) pour le monde. La paix qu’il apporta était "bonne nouvelle" ("euangelia"), allant au-delà même des espoirs de ceux qui attendaient de grandes choses de lui.


Le mot "euangelion" était aussi régulièrement utilisé à propos d’un messager apportant un rapport de victoire. La bataille étant remportée, un messager était envoyé pour apporter la nouvelle à son peuple ou à son roi. L’"euangelion", dans ce contexte, est donc l’annonce d’une bonne nouvelle en rapport avec une bataille. Ces brefs exemples donnent une idée de l’utilisation courante du mot dans le monde gréco-romain1.

Certes, de telles nouvelles étaient "bonnes" aux yeux de leurs destinataires. Pourtant, il suffit de parcourir les seize chapitres de Marc pour se rendre compte d’une chose: il existe une "nouvelle" encore meilleure…

1. K. Schenck, "Évangile: Bonne Nouvelle", dans le Dictionnaire de Jésus et des Évangiles (sous la direction de Joel B. Green, Jeannine K. Brown et Nicholas Perrin), Charols, Excelsis, 2023, p. 376-377 (article complet p. 376-380).

Pour aller plus loin

Retrouvez ICI toute l’information sur mon podcast vidéo sur l’Évangile selon Marc.

Dominique Angers

Doyen de la Faculté de Théologie Évangélique à Montréal (Université Acadia), Dominique Angers y est aussi professeur de Nouveau Testament et de prédication. Docteur en théologie de l’Université de Strasbourg, il s’exprime régulièrement sur son podcast vidéo d’enseignement biblique, “Parle-moi maintenant”. Il est l’auteur du livre La méditation biblique à l’ère du numérique et du Commentaire biblique Parle-moi maintenant par Éphésiens. Son prochain commentaire, Parle-moi maintenant par Marc, paraîtra chez BLF.

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